50 ans après sa création, le regroupement scolaire est sclérosé pour plusieurs années !
Si l'idée de rénover le regroupement scolaire 50 ans après sa création paraissait séduisante au regard de la plus-value que l'on pouvait attendre en termes de regroupement des enfants sur un même site, de modernisation des espaces d'accueil des classes maternelles, de création de salles d'activités périscolaires, de transformation des lieux de restauration, de mises aux normes diverses, d'économies d'énergie et de développement durable, cette idée, tuée dans l'œuf par l'argument massif du "mais mon pauvre monsieur, nous allons subir la baisse des dotations, alors …", est d'ores et déjà considérée comme inepte avant même que l'on ait eu le temps d'esquisser le moindre débat au sein du syndicat de gestion intercommunal.
Nonobstant ce premier coup de grâce porté pour faire avorter cette belle idée, il est tout aussi naïf de penser que, bon an, mal an, le temps faisant son œuvre, la raison peut encore avoir raison de la déraison et que des marges de manœuvre peuvent encore être ménagées permettant ainsi de commencer malgré tout à y réfléchir sérieusement.
Que nenni, c'est sans compter sur la volonté farouche de certains de ne pas s'endetter pour un projet qui à l'évidence n'aura pas de retombée directe sur sa propre commune, de ne pas demander un euro supplémentaire aux parents d'aujourd'hui pour nos enfants de demain et surtout, c'était sans compter sur la sacrosainte et paradisiaque vertu de transférer la compétence scolaire et périscolaire vers la communauté de communes.
S'il n'y a pas eu de débat, il ne sera jamais ouvert, un cabinet d'audit sera désormais en charge d'étudier la faisabilité de ce transfert de compétences, annihilant ainsi toutes activités cérébrales malveillantes. Ce cabinet, qui sera sans nul doute complaisant aux commanditaires de l'étude, s'évertuera à démontrer que la disparition des syndicats de gestion intercommunale sera bénéfique pour la communauté qui en recueillera les fruits, l'Etat la gratifiant pour bonne conduite de dotations globales de fonctionnement pléthores. Ainsi, les besoins particuliers se dilueront d'eux-mêmes, la mutualisation des moyens fera force de loi et ces derniers seront attribués avec mesure, discernement et équité, les uns paieront les intérêts des projets que d'autres auront contractés, ces derniers s'en frotteront les mains de contentement et les premiers feront preuve de compréhension quand on leur expliquera qu'ils devront se passer de leurs besoins tant que la Communauté n'aura pas épongé les dettes des autres… Qu'importe, la source de satisfaction sera que, même de loin l'école sera mieux gérée et ce de manière centralisée : un personnel manquant sera au pied levé remplacé par un personnel prélevé sur une ressource commune et abondante, la maintenance d'un équipement défaillant sera éminemment plus efficiente car le "maintenancier" œuvrera sur plusieurs sites en même temps, enfin, la communication entre les acteurs de l'école sera renforcée, bref, que du bonheur.
"Il n'y a pas d'inquiétudes particulières à avoir, il faudra bien 4, 5 ou 6 ans pour en arriver là" me dit-on. Mais me direz-vous, en attendant, que fait-on ? Et bien en attendant, rien. Comment croire que la commune, propriétaire des murs du regroupement, ait l'envie d'investir, en vue de faire des économies d'énergie par exemple, dont profiteraient par ailleurs les autres communes du syndicat, pour que demain tout soit phagocyté par la communauté de communes ?
Voilà comment on réussit à scléroser durablement le regroupement scolaire de Jeugny par une vision étriquée de l'avenir qui ferait honte à nos aînés qui l'ont créé il y a 50 ans.
"Flatter ceux du logis, à son Maître complaire
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons, sans parler de mainte caresse."
Extrait de la fable "le loup et le chien" de Jean de la Fontaine.