Commémoration du 8 mai 1945
70 ans après, ...
Aujourd’hui, nous rendons hommage aux Hommes et aux Femmes, nos propres parents et aïeuls, qui ont souffert ou sont tombés pour restaurer la Liberté qui leur avait été enlevée.
Leur engagement et leur sacrifice nous honorent et nous obligent.
Les dates commémoratives sont là pour maintenir éclairés les instants de l'Histoire des hommes qui, trop facilement pour ne pas dire trop hâtivement, risquent de sombrer dans l'oubli.
Aujourd'hui, les mémoires encore vivantes vont définitivement disparaître. Que nous restera-t-il ? Qu'avons-nous à transmettre ? Que ferons-nous des enseignements humains acquis au prix des sacrifices et des larmes ?
L'Histoire ne doit pas être réservée aux historiens, elle ne doit pas s'estomper trop facilement et échapper à notre entendement. Elle doit au contraire pour partie servir notre intelligence et guider nos pas pour que le tropisme de l'Humanité aboutisse à l'harmonie et non pas au chaos.
S’il est de notre devoir de commémorer ce jour de victoire et de rendre un hommage solennel à ses artisans, il est éminemment vital de se rappeler que la Paix exige de nous toute notre vigilance à l’entretenir et à la préserver. Fragile, elle chancelle dangereusement sous les coups de l’obscurantisme, du fanatisme, du totalitarisme, de l'intégrisme. Elle chancelle également à l'énoncé de toute forme de prétextes qui prévalent pour légitimer la violence et l'annihilation de l'Autre.
Chers concitoyens de Jeugny, soyons vigilants, critiques, artisans de Paix.
En ce jour de commémoration, rendons hommage également à tous ceux, militaires et civils, qui par le monde aujourd’hui tombent encore ou sont blessés dans leur chair et leur âme alors qu'ils défendaient âprement avec honneur et abnégation la liberté, la dignité humaine. Ayons une pensée pour les victimes du terrorisme et de toutes les violences perpétrées aveuglément sur notre sol et de par le monde.
Défions-nous des réactions épidermiques pour ne pas répondre à la violence par la violence.
Entendons pour cela, Albert Camus qui le 15 mars 1945 écrivait dans sa « Défense de l'intelligence » :
« Il nous est resté la haine… Il nous en est resté cette fureur qui nous brûle l'âme au souvenir de certaines des images et de certains visages.
A la haine des bourreaux a répondu la haine des victimes...
Eh bien, c'est de cela que nous devons triompher d'abord.
Il faut guérir ces cœurs empoisonnés. Et demain la plus difficile victoire que nous ayons à remporter, c'est en nous même qu'elle doit se livrer, avec cet effort supérieur qui transformera notre appétit de haine en désir de justice. »