Jeugny dans la réforme territoriale
La réforme territoriale continue son chemin. Le Schéma Départemental de Coopération Intercommunale (SDCI) que nous propose Madame la Préfète a suscité bon nombre d'interrogations, de débats et de prises de position. Pour ce qui nous concerne, la Communauté de communes prendra la sienne lundi soir, le syndicat du regroupement scolaire mercredi et notre Conseil municipal vendredi. Nous prendrons une décision qui sera pragmatique et cohérente par rapport à :
- l'idée que l'on se fait d'un exercice fort, durable et compétent de l'Intercommunalité,
- du poids que l'on doit peser au sein de la nouvelle grande Région et au sein de l'Europe (car n'oublions pas que l'Europe pourvoit en subventions importantes des projets viables, reconnus et d'intérêt notoire),
- de l'expression démocratique que l'on souhaite, singulièrement pour faire entendre la voix du monde rural,
- et enfin, en considération du bassin de vie le plus naturel et le plus immédiat qui est le nôtre.
En termes clairs, doit-on se tourner vers Aix-en-Othe et Estissac comme le propose la Préfète, aller vers Chaource et Ervy-le-Chatel, se tourner vers le Grand Troyes, resté replié sur Bouilly avec le risque de voir des communes qui partiront nécessairement vers le Grand Troyes pour des raisons compréhensibles et donc de voir une Communauté de Communes qui se réduira comme peau de chagrin et qui n'aura pas les moyens pour rester seule et gérer toutes les compétences qui lui échoiront à très court terme ? C'est la question qui sera donc posée en ces termes au Conseil municipal vendredi.
S'agissant de l'avenir du syndicat de gestion du regroupement scolaire de Jeugny que Madame la Préfète souhaite voir fusionner avec celui d’Assenay, Saint-Jean-de-Bonneval et Villery et celui de Bouilly, Souligny, Javernant, Sommeval et rattacher l'école de Crésantignes, cette solution n'est pas aussi simple que cela peut le paraître sur le papier. Juste en considérant que l'école nécessite une gestion réactive, au plus près de l'école, la notion même d'un éclatement des pôles scolaires annihile immédiatement l'effet désiré, sauf à envisager des gouvernances déléguées.
Considérant par ailleurs que les RPI voisins de Jeugny se sont engagés à construire des écoles neuves, alors qu'à Jeugny, nous peinons déjà à entretenir en tant que propriétaire les bâtiments et les installations (chauffage, électricité, sanitaires, mise aux normes accessibilité, économie d'énergie, etc.), il nous paraît impensable de voir notre capacité d'autofinancement, qui s'est constituée au fil des ans grâce à une gestion raisonnable voire parfois trop mesurée …, être immédiatement absorbée dans cette fusion. Outre le fait que cette "poire pour la soif sera mangée", nos projets d'équipement ou d'infrastructure que nos enfants sont en droit d'attendre seront stérilisés encore pour bon nombre d'années. Il est à souligner également que dans le même temps, notre participation financière communale augmentera mécaniquement et inéluctablement, ce qui réduira de façon très significative notre marge de manœuvre en investissement communal (de 25% en première approximation).
Par manque évident de visibilité financière et de cohérence stratégique d'une action intercommunale qui préserve la solidarité et garantit l'équité de traitement et de participation des communes, il est urgent d'attendre. Mais, ce n'est pas pour prôner un attentisme improductif. Il faut consentir dès à présent des efforts pour préserver et renforcer l'esprit intercommunal. A savoir que le syndicat actuel doit associer l'école de Crésantignes puis nécessairement acquérir plus de compétences dont celle de l'infrastructure et des équipements. Dans un délai de revoyure à définir par la préfecture, envisager un transfert de compétences vers la communauté de communes en les sectorisant si cela s'avère nécessaire, ce qui par, effet induit, garantit une participation financière adaptée des communes membres.
Vous comprendrez bien qu'à la lecture de ce billet, mon orientation est prise. Je la soumets à votre sagacité et à délibération du conseil municipal. Ses conclusions feront l'objet d'amendements que nous proposerons à Madame la Préfète.
Soyez assurés de mon fidèle dévouement. Le Maire.